Longtemps j’ai fait partie de ces gens-là. Ceux qui ne font pas de yoga et qui jugent ceux qui en font. Oui, jugent. Pour moi, le yoga c’était un truc un peu perché, je ne comprenais pas du tout l’intérêt de méditer, et par-dessus tout je riais beaucoup des personnes qui faisaient du yoga partout, tout le temps, au point de prendre leur tapis de yoga avec eux en vacances ou de trouver un studio où pratiquer du yoga lors de leur voyage en Thaïlande.
Et puis je suis devenue cette personne-là.
J’avais déjà fait du pilates et du yogilates (fusion entre le pilates et le yoga), mais quelque chose dans le yoga m’effrayait. Probablement l’idée que le yoga n’était pas simplement un exercice physique, mais quelque chose de plus complet, sans que je ne sache réellement mettre des mots dessus. Puis un jour, je suis passée devant un studio de yoga en construction près de chez moi et je me suis promise de m’inscrire lorsqu’il ouvrirait. En réalité, je me suis tellement emballée à l’idée d’enfin tester le yoga, cette pratique dont tout le monde me disait depuis dix ans qu’il faudrait vraiment que j’essaie, que je me suis inscrite dans un autre studio en attendant que le précédent ouvre. J’ai été à mon tout premier cours, un cours pour débutant, avec l’idée bien ancrée de tous ceux qui n’ont jamais fait de yoga que je n’étais pas assez souple pour en faire.
Première erreur : c’est en faisant du yoga qu’on devient souple, pas l’inverse. C’est comme si on ne voulait pas apprendre à conduire, parce qu’on ne sait pas conduire. D’ailleurs, j’ai constaté ce jour-là que le yoga était loin d’être uniquement un exercice de souplesse : j’ai trouvé ça tellement physique que j’en ai eu des courbatures pendant plusieurs jours.
Deuxième erreur : il n’y avait quasi pas de débutants dans ce cours. Ou bien étaient-ils tous débutants ? Dans le yoga, bien sûr qu’il y a ceux qui en font depuis 30 ans, ceux qui tiennent sur leur tête, ceux qui font des poses dont on se demande comment c’est physiquement possible. Mais même eux se retrouvent dans les cours de débutants parce qu’au yoga, chaque jour est différent, et qu’il ne s’agit pas de maîtriser une posture à la perfection mais de ressentir ce dont notre corps a besoin à un moment précis. Et parfois cela implique simplement de reprendre depuis le début, comme si l’on apprenait à marcher.
Troisième erreur : il ne s’agit pas tant de méditer que de prendre le temps pour se tourner vers l’intérieur et écouter son corps. Ce qui est, cela dit, un exercice tout aussi périlleux. Simplement dérouler son tapis de yoga, s’asseoir en tailleur et se concentrer cinq petites minutes sur sa respiration, pour couper le bruit autour de soi, se défaire de la journée passée ou de celle à venir, et observer comment on se sent : tout l’art du yoga est là.
Mais concrètement, comment devient-on la personne accro au yoga qui est capable d’en faire absolument partout, tout le temps. Et plus sérieusement, pourquoi devenir cette personne-là ?
Le yoga, c’est un peu comme une boîte à outils. On pioche dedans en fonction de la situation et de ce dont on a besoin. Une boîte à outils qui sert dans à peu près toutes les situations de la vie. Se dépenser après une journée stressante, respirer avant un entretien d’embauche, étirer ses muscles après un long trajet en voiture ou en avion, faire bouger ses articulations pour se sentir moins raide, se centrer sur soi quand on a beaucoup donné à son entourage, écouter ses besoins quand on perd le cap, se reposer pour recharger ses batteries,... Le principe est simple : ramener son attention à ce qui est important pour soi, prendre le temps de faire une pause avant de réagir à ce qu’il se passe autour de soi, comme prendre le temps de souffler quelques instants avant de répondre au mail furieux d’un client, par exemple.
Qui ne voudrait pas emmener cette boîte à outils partout avec soi, honnêtement ?
Commentaires récents